Lettre ouverte aux député(e)s (ré)élu(e)e le 19 juin 2022 dans les circonscriptions de PACA et de Corse

Uriopss Paca et Corse

Madame la Députée, Monsieur le Député,

Représentant près de 230 associations du secteur sanitaire, social et médico-social, au niveau régional, l’URIOPSS PACA et Corse porte la voix des acteurs du privé non lucratif qui accompagnent les personnes les plus vulnérables de notre société : personnes âgées, personnes en situation de handicap, de pauvreté, enfants, jeunes en rupture familiale, notamment auprès des pouvoirs publics. 

Nous proposons d’être votre interlocuteur pour cette nouvelle mandature afin de contribuer à la construction des politiques publiques, dans une approche constructive et exigeante, et dans l’intérêt des personnes accompagnées.

Pour ce faire, nous souhaiterions vous rencontrer afin d’échanger sur les principaux enjeux et priorités que nous avons identifiés pour l’accompagnement des personnes vulnérables, à partir des grands axes énoncés ci-dessous.

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Tout d’abord, nous vous alertons sur la menace que fait peser la pénurie de personnels au sein des structures sociales et médico-sociales sur les personnes ayant besoin d’être accompagnées, en raison de leur âge, de leur handicap, de leur situation sociale, ou de leur vulnérabilité. 

Aujourd’hui en France, ce sont 10 millions de personnes vulnérables, soit 15% de nos concitoyens, qui ont besoin d’accompagnement. Et ce sont près d’1 million de professionnels des secteurs social et médico-social qui accompagnent au quotidien les personnes fragiles. Si nos métiers sont porteurs de sens, ils sont aujourd’hui confrontés à un véritable déficit d’attractivité. 

Les fortes tensions de recrutement, voire de stabilisation des effectifs, dans le secteur de la santé et de la solidarité impactent la sécurité, la qualité, voire le maintien de l’accompagnement des plus fragiles. 
Aujourd’hui l’heure est à l’essoufflement : démissions, reconversions, absentéisme, désaffection du secteur, … Les ressources humaines sont épuisées et le vivier se tarit. 

Or, sans ces forces vives :

  • Comment les associations pourront-elles poursuivre l’accompagnement des personnes vulnérables ? 
  • Qui s’occupera des personnes âgées, des personnes en situation de handicap, des enfants relevant de la protection de l’enfance et des plus pauvres d’entre nous ? 
  • Quelles seront les conséquences pour ces personnes, et leurs aidants ? 
  • Combien de personnes resteront isolées, livrées à elles-mêmes, en danger ? 
  • Faut-il se résoudre à laisser les personnes vulnérables sans accompagnement professionnalisé ? 

Des milliers d’emplois sont actuellement non pourvus. De moins en moins d’élèves entrent en formation des métiers du secteur. La pyramide des âges nous contraint à compenser le départ à la retraite de milliers de salariés. Si le secteur associatif ne peut plus fonctionner normalement, c’est bien la solidarité, au cœur de notre pacte social, qui est fragilisée. 

Ces derniers mois, notre Union a régulièrement alerté le Gouvernement, comme les acteurs institutionnels locaux, sur la mise en œuvre des mesures du Ségur ou des accords Laforcade qui maintiennent encore aujourd’hui des inégalités de traitement entre professionnels exerçant dans nos associations, et contribuant, directement ou indirectement, à l’accompagnement des plus vulnérables. 

Si les revalorisations salariales sont indispensables, d’autres actions sont également nécessaires pour mieux faire connaître les métiers du secteur et le sens qu’ils véhiculent, sensibiliser les plus jeunes à ces vocations, contribuer à faciliter les conditions d’exercice de ces professions, etc.

Parallèlement, nous subissons les effets d’une forte inflation et notamment l’explosion des coûts de l’énergie, dont les conséquences financières n’ont pas été prises en compte dans les financements des structures pour l’année en cours. Les associations sont donc impactées par la question de la poursuite de leur action, faute de personnels, mais aussi, sur la gestion de leurs enveloppes financières pour assurer leur fonctionnement. Les victimes directes de ces difficultés sont les personnes vulnérables dont l’accompagnement nous a été confié.

Pour soutenir ces métiers essentiels du « prendre soin », nous proposons (en relais avec des partenaires locaux), la création d’une Grande Cause nationale du quinquennat, aux côtés de celle de l’égalité entre femmes et hommes. Le secteur mérite une réponse à la hauteur des défis posés par la crise des ressources humaines traversée actuellement…

 

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